Marie Besnard, la damnée de Loudun
En 1949, elle est inculpée pour l'empoisonnement de douze de ses proches. Cette grande énigme judiciaire est l'objet d'une fiction avec dans le rôle de Mme Besnard, Muriel Robin. Téléfilm en deux parties, la suite lundi prochain (snifff!).
Muriel Robin incarne Marie Besnard dans ce film
Ce soir sur (dite la chaine des moutons mais qui malgré tout propose parfois de bons programmes) à 20h50
La petite ville de Loudun, dans la Vienne, avait déjà eu son "sorcier", Urbain Grandier mort sur le bûcher en 1634. Trois siècles plus tard, elle a son "empoisonneuse" : Marie Besnard. Cette quinquagénaire décrite par les experts comme "anormalement normale" fut soupçonnée d'avoir tué douze personnes de sa famille.
L'affaire commence le 25 octobre en 1947, dans la France blessée de l'après-guerre. Léon Besnard, cordelier, décède après une longue agonie. "Crise de foie", conclut le médecin. Pour la rumeur publique, la même qui a conduit Urbain Grandier au bûcher, c'est l'œuvre de Marie Besnard qui a "mis quelque chose dans la soupe de son mari".
Les "bouillons de 11 heures"
Le 21 juillet 1949, Marie Besnard est incarcérée. La rumeur enfle. Les on-dit et phrases chuchotées se répandent. Un seul sujet : les douze décès suspects dans son entourage depuis 1938. On écume les cimetières, on exhume les cercueils, on cherche tout ce qui peut concourir à établir que la veuve Besnard ne s'en est pas tenue à verser seulement une fois ses "bouillons de 11 heures" ou ses "poudres de succession", comme on appelait les mixtures propres à hâter la fin de ceux qui tardaient trop à satisfaire les "espérances" de leur descendance.
Les experts trouvent sur les cadavres ce qu'ils cherchent: de l'arsenic: 60 mg dans celui de son premier mari, 36 mg dans celui de son père, 48 mg dans celui de sa mère... Marie Besnard gagne son surnom d"empoisonneuse du siècle". Le fait divers devient affaire. Le feuilleton judicaire mobilisera la France entière pendant plus d'une décennie.
Elle a toujours nié
En 1952, son premier procès s'ouvre à Poitiers mais tourne rapidement à la polémique entre toxicologues. Les avocats de Marie Besnard parviennent à semer le doute sur le sérieux des examens. 1961. Après douze années d'instruction, cinq années de prison, trois procès, treize exhumations, de multiples interrogatoires et mains rapport de toxicologie, Marie Besnard est acquittée. Elle retournera dans sa ville natale y finir sa vie, passant du statut d'"empoisonneuse du siècle" à celui de "la bonne dame de Loudun".
Loudun où l'on a chanté pendant près d'une décennie, sur l'air de la Paimpolaise, une complainte en trente-quatre couplets, œuvre d'un rimailleur local qui se taillait un certain succès : "La bonne ville de Loudun/Célèbre par Urbain Grandier/Se réveilla un beau matin/Avec sa super Brinvilliers/Une femme assassin Pire que la Voisin..." Coupable ou innocente ? Marie Besnard a toujours nié. L'affaire restera l'une des plus grandes énigmes judiciaires françaises du XXe siècle.
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