Un jour pas comme les autres
Ce matin là, je me réveille dans mon lit d'hôpital, au service Bousquet de l'Hotel Dieu de Clermont-Ferrand. Je me sens détendue, aucune pensée ne me traverse l'esprit, je me sens bien. Mais je le sais, ma vie va changer, et ça commence aujourd'hui.
Même si le changement ne se fera pas en un claquement de doigt, il va se faire et c'est le principal.
Il est déjà midi et je me sens de plus en plus détendue (mais pas ma mère). Que font-ils? Pourquoi ne suis-je pas encore dans mon "aquarium"? L'attente est tout de même oppressante mais je sais que ce n'est pas la partie la plus difficile du chemin. Celà va-t-il enfin cesser, vomir, maigrir, grossir... SOUFFRIR.
Enfin quinzes heures, l'infirmière vient me chercher, je suis faible. Nous nous dirigeons vers la salle de bain où aura lieu l'effacement de toutes trace de ma vie passée (le bain stérile). Ma mère me frote, passe le gant sur mon visage puis sur mon crâne nu. Mon coeur s'emballe, je me sens tout à coup transpercée de milliers de maux qui ne cessent d'augmenter en intensité, je meurs petit à petit.
Le bain est terminé, je m'habille à présent tout en stérile: culotte, tee shirt, short, puis charlotte, blouse, chaussons et masque. Je suis prête à entrer dans la nouvelle dimension.
Je marche dans le couloir, puis je tourne à droite, j'y suis, devant ma prison, ma dernière chance. La porte s'ouvre, ça y est.
A partir de cet instant, c'est le trou noir, plus aucun souvenir de ce lieu si ce n'est ce que j'ai pu en voir à ma sortie.
Ce que je viens de vous raconter c'est mon entrée en "bulle" (espace stérile) où on m'a fait ma greffe de moelle osseuse pour me faire sortir de ma maladie de Hodgkin, un cancer. Ma donneuse est allemande, et anonyme (ce qui montre bien que la France n'est pas suffisamment informée à ce sujet).
Merci de votre attention...
Gros bisous!!!